Qu’il s’agisse des Indomptés, de votre version de Tif et Tondu (Mais où est Kiki ?) ou de Variations où vous faite la relecture d’icônes de la bande dessinée, vous n’avez crainte de vous confronter à des monstres sacrés.
D’où vous vient cette assurance, cette insolence ?
Dès la seconde moitié des années 80, je reprenais Tintin au Tibet pour des parutions dans Fluide Glacial. Il a une vingtaine d’années déjà, j’ai dessiné un Cavalier Blanc (Lucky Luke) numéro 2…
Je fais partie de cette génération d’auteurs bibliophiles : je ne suis pas un pionnier, je viens après. Alors je réinterprète, je rejoue des airs du répertoire, je reprends des standards. Picasso a rejoué Velasquez ou Manet et Jasper Johns Cézanne, je pourrais en citer des dizaines... Pour Lucky Luke, j’essaye d’être fidèle à la partition, de respecter le ton, le tempo. De raconter l’histoire au niveau des personnages, sans casser les cadres. Pourquoi ? Uniquement pour le plaisir ressenti. Il s’agit d’une passion enfantine qui perdure. Je n’ai pas toujours de “matériel en magasin”, de choses à raconter, mais j’ai toujours envie de dessiner.
On trouve des figures de cowboys et d’indiens dans La Mer à boire*…
Ce livre est placé sous le signe d’Hergé. C’est une sorte de reprise de Tintin en Amérique avec des personnages qui se déguisent, se griment. Ils mettent des chapeaux : pour moi, c’est l’entrée dans la fiction comme quand Mastroianni porte son couvre-chef dans Huit et demi de Fellini.